Crise COVID-19 et le confinement au Maroc: quel impact psychologique?

À l’heure où la plupart des pays du monde sont entré en confinement, aussi brutal, précoce et strict qu’il soit , visant à minimiser les contacts des gens et à restreindre leurs mouvements dans le seul  but de limiter la propagation du virus.  Il est donc urgent que nous ayons une vue claire des conséquences psychologiques possibles qui en découlent et qui nous menacent tous ensemble.

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Depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire au Maroc, le 20 mars dernier, des millions de marocains sont soumis à des mesures de confinement et d’isolement social. Ils sont tenus de rester chez eux au maximum et d’éviter les déplacements non indispensables afin de limiter la propagation de l’épidémie du coronavirus au Maroc. Une toute nouvelle expérience exceptionnelle qui n’est sans aucun doute pas sans aucune conséquence psychologique.

Après presque 2 mois d’isolement, l’impact psychologique commence déjà à se faire sentir et risque même de s’accentuer avec le prolongement du confinement. Littéralement ce confinement est inégal et varie selon plusieurs conditions. Bien évidemment, être confiné dans une villa avec une piscine est un jardin est sans doute moins pesant que vivre à 5 dans un T2, avoir des enfants ou pas, la perte de revenus, ou encore l’absence d’information et bien beaucoup d’autres facteurs qui peuvent changer la façon dont nous réagissons face à cette situation, positivement ou négativement qu’elle soit.

A défaut de se déplacer librement, ce confinement nous fait par contre beaucoup réfléchir aux conséquences. Entre incompréhension, colère, sentiment d’injustice et d’insécurité, stigmatisation, confusion, angoisse, déni et indifférence pour d’autres …  plusieurs sentiments se bousculent et les conséquences somatiques et psychologiques sont bien réelles : repli sur soi, humeur labile tantôt dépressive tantôt euphorique, une frustration et une anxiété  généralisée qui nous hante.

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Par ailleurs, cette privation et cet interdit  implique la perte de la routine quotidienne des marocains aussi bien que les citoyens du monde et les  confronte directement à leurs peurs qu’à leurs besoins; la peur d’être contaminé ou d’infecter ses proches, le manque de rentrées  financières par incapacité de travailler ou encore la peur de manquer de fournitures de base. Ces ruminations d’esprit  entravent l’équilibre psychique humain et les corps somatisent par différents maux (troubles du sommeil, douleurs musculaires, perte d’appétit, maux de tête et troubles digestifs). s’ajoute à cela une autre source d’angoisse: le trop plein d’informations anxiogènes et sombres et les fausses rumeurs qui circulent  que la plupart des Marocains régurgitent heure par heure non-stop au point de les empêcher de se déconnecter du sujet, de se recentrer et de s’apaiser.

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Même si ce que le monde est entrain de vivre est totalement inédit par son ampleur et que c’est difficile d’en évaluer scientifiquement dès maintenant les effets. Or, des renseignements tirés de précédentes épidémies ainsi que les premiers retours d’enquête menées en Chine peuvent servir d’exemple. De nombreux experts s’interrogent sur les retentissements négatifs d’une telle situation sur la santé mentale des personnes en quarantaine, des malades isolés, des familles en deuil, ou le personnel soignant épuisé.

Ces études menées en Chine et publiées par la revue « the Lancet » démontrent que le stress d’une durée de confinement supérieure à 10 jours est prédictive de symptômes d’anxiété généralisée , de comportements d’évitement et de colère ainsi que sujette à l’émergence de symptômes psychiatriques nécessitant une prise en charge spécialisée . Cependant, les populations les plus vulnérables en souffrent souvent plus que d’habitude. Viennent en 1er  lieu les personnes d’ordinaire plus fragiles psychologiquement sous traitement ou pas, ces derniers risquent bel et bien de décompenser. Beaucoup de soignants en première ligne après plusieurs semaines intensives d’arrivées massives de patients sont déjà au bord du burnout; un personnel qui doit également faire face à la solitude des patients infectés coupés de leurs familles. Ou encore les adolescents pour qui le manque de contact peut être la source de frustration et de tensions divers. Enfin toute la population générale en souffre et le risque est bien là, on l’imagine bien! Également accru!

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Et alors que le déconfinement se prépare déjà ou mis en marche dans certains pays, et que le virus demeure toujours une menace en absence de tout vaccin entre les mains, qu’advenions nous psychologiquement à plus long terme ? Selon les auteurs, le post confinement aura également des symptômes de stress post traumatique témoignant d’une anxiété, de dépression de colère et d’impulsivité mais aussi d’éléments beaucoup plus sérieux tels des hallucinations, des idées paranoïaques ou suicidaires. Et ceci semble toucher sans distinction autant les ouvriers, les techniciens que les cadres ou grands dirigeants. Certes présenter ces résultats semble un peu effrayant mais une fois mis en perspective et analysés permettront de prendre un certain recul tout en s’ouvrant à la réflexion sur des pistes pouvant atténuer ces effets.

Tout de même, il demeurera difficile de déterminer à partir de ces résultats quelles pourraient être l’origine précise de ces conséquences psychologiques observées.  Est-ce le reliquat de la période de confinement s’exerçant au long terme ou encore la reprise contraignante et angoissante du chemin de travail? Mais vraisemblablement, il pourrait aussi s’agir d’un complexe mélange  des deux origines possibles.

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De plus, une analyse plus approfondie des résultats met en évidence que ces impacts psychologiques semblent pouvoir s’estomper avec le temps. En effet plus la reprise est précoce moins les symptômes seront présents. Il apparait aussi que les personnes se lavant plus fréquemment les mains, portant un masque et travaillant dans des lieux où l’hygiène prime ou a été améliorée et où l’état de santé est l’une des préoccupations de l’entreprise constituent des facteurs protecteurs.

En résumé, le confinement est une mesure aux multiples et lourdes conséquences certes, mais essentielle pour éviter des répercussions d’une plus grande ampleur et malgré qu’il soit sanitairement important, il ne peut éternellement perdurer. Globalement, les avantages d’un confinement obligatoire doivent être soigneusement être pesés au cout psychologique tout en sachant qu’on peut transformer cette expérience en une plus productive et enrichissante ou même positive au final.

Références

The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence

Are Masks Effective in the Fight Against the Coronavirus Epidemic?

Coronavirus Pandemic: Is Global Shutdown Crucial or an Exaggerated Response?

Coronavirus Latest Facts: What Is It And What Are Its Symptoms?

Guideline to Self-Quarantine During the Coronavirus Outbreak

Gilmore Health News

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